Pervers narcissiques : comprendre, déjouer, surmonter

Les Éditions Le Manuscrit

Auteur : André SIROTA

Distribution Hachette Livre

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Nombre d’auteurs ont exploré les manifestations de perversion narcissique, depuis le travail de Paul-Claude Racamier, en particulier, sur les pervers narcissiques en institution. On peut découvrir avec André Green la ligne de crête, qu’il a dessinée entre narcissisme de vie et narcissisme de mort. On est bien éclairé par Janine Chasseguet-Smirgel sur la maladie d’idéalité qu’elle a dépeinte. On est saisi par les élaborations d’Alberto Eiguer sur les contrats pervers dans les couples ou les familles. Dans les organisations et lieux du travail, on est aussi confronté au harcèlement moral au quotidien décrit par Marie-France Hirigoyen, et, bien sûr, aux différents symptômes des souffrances au travail générées par le management actuellement à la mode, que Christophe Dejours a signalés.

Quand humilier autrui fait modèle, prendre le temps de scruter les manifestations sociales de la perversion narcissique et le narcissisme mortifère dont elle émane, est une urgence citoyenne. Ce livre en traite. Son originalité vient des lieux où son auteur est intervenu à la demande d’équipes de travail confrontées à des protagonistes qui ne parlent que pour dénigrer ou délégitimer. Leur habileté est parfois si diabolique qu’ils peuvent plonger tout un groupe dans la culpabilité, la sidération et le paralyser.

On use et abuse de la désignation de pervers narcissique. Le lecteur trouvera ici des pistes pour s’y retrouver. N’est pas pervers narcissique qui veut. Des conduites défensives qui font penser à la perversion narcissique ne font pas de vous un pervers narcissique mais renseignent peut-être sur un environnement toxique dans lequel vous êtes pris, à votre insu, et auquel vous pouvez finir par contribuer, malgré vous.

L’originalité de cet ouvrage tient de la diversité des lieux d’intervention et d’observations cliniques où son auteur s’est trouvé mis en demeure de penser. Pour élaborer cet œuvre, il s’est appuyé sur son engagement aux côtés de groupes et d’organisations et auprès de leurs membres, lorsque ceux-ci se sont vus confrontés à des interlocuteurs qui ne savent parler que pour dénigrer ou délégitimer, avec une diabolique habileté parfois.

Sous l’empire d’un besoin irrépressible de se repaître en dépouillant l’autre ou l’objet de toute qualité, ces protagonistes ne savent se valoriser qu’en dévalorisant autrui ou « l’objet ». L’apogée de leur perverse jubilation n’est atteinte que lorsqu’ils sont parvenus à rendre les membres d’un groupe entier complices de leur soumission à l’inacceptable. On ne sort pas indemne de sa participation involontaire à une dérive groupale perverse ; on ne s’en rend parfois compte que longtemps après-coup. Ceux qui ne sont pas subjugués disent de ces protagonistes destructeurs qu’ils sont de grands pervers, des pervers de société.

Les situations ici mises en scène peuvent évoquer bien des violences ordinaires ; elles sont éclairées par des élaborations théoriques de la perversion narcissique ; quant aux phénomènes de groupe qu’elle peut induire, ils sont rendus perceptibles par leur description. Des pistes théorico-pratiques et cliniques sont données pour son endiguement. Elles peuvent aider psychiquement les victimes et les témoins en souffrance face à de tels interlocuteurs ; elles leur permettent de s’engager dans la réparation de leurs assises narcissiques vitales et la restauration de leur dignité.

Une conduite disqualifiante ou nihiliste en société ne fait pas de la personne qui la déploie un pervers de société. « N’est pas pervers qui veut », estime Paul-Claude Racamier. Une telle conduite renseigne peut-être sur un climat dans lequel le sujet est pris et auquel il peut contribuer malgré lui.

Lorsqu’un pervers narcissique parvient à rendre les membres d’un groupe complices actifs ou passifs de leur soumission à l’inacceptable, sa jubilation prise aux dépens des autres est à son apogée.

Les phénomènes de groupe induits sont rendus perceptibles par leur description et par les pistes théorico-pratiques et cliniques exposées pour les reconnaître et les neutraliser. Par la manière dont l’auteur rend compte de son propre travail en situation, cet ouvrage peut aider les personnes prises pour proie, ou les témoins, à faire face de façon adaptée à de tels interlocuteurs, et à entreprendre un travail psychique de réparation de leurs assises narcissiques vitales et de leur dignité.

Par le patient travail d’écriture qui les a produits, chacun des dix récits de situations collectives soumises à sagacité du lecteur a atteint ici le statut de fiction. En effet, elles sont construites à partir d’observations multiples où l’on aperçoit la perversion narcissique en action. Cependant, une fiction peut renseigner bien davantage sur la réalité que le regard de l’immédiat que l’on porte sur celle-ci, tant il est difficile de percevoir ce qui est inconcevable, quand on est sous l’emprise d’un effet de sidération.